mardi 22 avril 2008

BACKGAMMON A DOMICILE


Et le backgammon vint à nous. Quand je dis « nous », je veux dire « nous » les Parisiens. Il n’est pas si fréquent de jouer à domicile. Avantage ? Pas si sûr. Au football ou au rugby peut-être. Pour un pro sûrement. Mais pour un simple mortel, c’est tout autre chose. Lorsqu’on s’en va pour quelques jours jouer ailleurs, on ne pense que backgammon. On ne vit que backgammon. On est là pour ça. Rien que pour ça. A Paris, c’est une autre affaire. On dort à la maison. On a la vraie vie qui est là, tout autour. Dans la journée, le boulot est présent, même si on essaie de le mettre un peu de côté. Il y a toujours un petit quelque chose à faire. Et lorsqu’on arrive sur le board, c’est avec tout un tas de petits tracas derrière nous, tout plein de pensées parasites qui nous occupent. Vous qui commencez à me connaître un peu, vous imaginez bien que dans la petite tête, ça turbine sans cesse. Faire le vide, c’est pas trop le genre de la maison. Et pourtant, il faudrait y parvenir pour être tout à son objectif de victoires et de qualification pour la Grande Finale du PartoucheGammon Tour édition 2008. Il faut tendre vers l’objectif pour l’atteindre et certains savent le faire mieux que les autres.


Le « comptable » a pris la tête

Prenez notre comptable officieux sur le PGT, le Portugais Mario Sequeira. Personne ne pense plus que lui, jour et nuit, à cette qualification, à ce classement qu’il tient méticuleusement à jour. Il a trente ans de tournois derrière lui, il est l’un des doyens de la compétition mais il est comme un gosse sur le Tour. Résultat, il enchaîne les bons résultats et, sans même avoir gagné l’une des trois premières épreuves, le voilà en tête du classement. Si on devait se fier à ses petites notes à lui, on aurait légitimement le droit de douter. Mais là, rien à dire, il s’agit bien du classement tout à fait officiel tenu par les organisateurs. Ici, à Paris, Mario sera une nouvelle fois à surveiller. On aura bien sûr un œil sur Minh Nguyen, celui qui bouscule tout sur son passage et vient de s’imposer à Lyon. Sa capacité à s’enfermer dans sa bulle lui permettra de rester parfaitement concentré malgré l’effervescence parisienne.


Aller chercher les points

Une effervescence et une grosse densité à attendre dans le tableau qu’il faut pourtant savoir relativiser. L’an dernier déjà, en début de saison, on se disait qu’il nous faudrait aller chercher les points dans les tournois les moins relevés, dans les tableaux les moins remplis. Et pourtant… Et pourtant, c’est bien à Paris que j’ai décroché les points qui m’ont permis d’atteindre la Grande Finale de Divonne-les-Bains. Les grosses compétitions ont quelque chose d’euphorisant. Et puis la dynamique de la victoire, ça existe, tout comme la dynamique de la défaite d’ailleurs. C’est cette première dynamique qui m’avait permis de voler vers la finale du last chance, ici même, l’an dernier. C’est la deuxième qui m’a offert ce merveilleux grand chelem des défaites au premier tour à Lyon. Bon, quoi qu’il arrive, on sera dynamique à Paris, c’est déjà ça !


Dès mercredi, le Master

Paris présente aussi l’originalité de nous sortir de l’univers des casinos. Par la force des choses, aucun casino Partouche ne peut nous accueillir dans la capitale. Alors c’est un très bel hôtel qui nous ouvre l’un de ses salons : le Lutetia. Au cœur du sixième arrondissement, à deux pas de Saint-Germain-des-Prés, on se prépare à vivre quelques jours de plaisir, quoi qu’il arrive. Oui, quoi qu’il arrive. C’est peut-être ça l’expérience. Est-ce que disputer une cinquième saison (la seconde seulement chez les « grands ») sur le circuit international signifie avoir déjà acquis de l’expérience ? Peut-être. En tout cas, on se met à accepter la défaite. Elle est inhérente à ce jeu. Elle vient parfois vous rendre visite en série. Ainsi va le backgammon. Le tournoi qui se présente est une nouvelle aventure. Qu’elle soit belle. Dès mercredi, avec le Master, elle le sera. Cette épreuve de prestige ouvrira le programme. Disputée au meilleur des trois manches, de onze points chacune, elle est faite pour les costauds. L’an dernier, c’est l’intouchable Sander Lylloff qui s’était imposé. Dans la foulée, le Danois empochait la consolation du PGT puis le double avec son acolyte Morten Holm. S’il est là cette semaine, il aura quelques titres à défendre. Passionnant ! A très vite…

Franck STEPLER