lundi 28 avril 2008

MELZI LA SURPRISE, FALAFEL POUR UNE FOIS


Soyons francs, la finale de cette étape parisienne du PartoucheGammon Tour ne restera pas dans les mémoires. On a vécu le plus beau la veille. On retiendra le formidable parcours et l’insolente réussite de Rassoul Rasti même s’il n’a pas réussi le hold-up parfait. La belle histoire s’est arrêtée à une marche du bonheur intégral. C’est l’Italien Carlo Melzi qui décroche le titre. Lui aussi était un invité inattendu de la finale. Félicitations à lui. Finalement, les gros bras et les leaders du classement du Tour ont un peu déçu. Et malgré des résultats en demi-teinte, le Portugais Mario Sequeira devrait demeurer en tête du classement au soir de cette quatrième étape, soit à mi-parcours du PGT. Le plus beau était ailleurs, nous le verrons dans un instant. On croyait avoir tout vu au stade des demi-finales en matière de suspense et de retournements de situations, notamment dans le Master. Mais si Didier Assaraf avait les dieux dans son gobelet le samedi, ils ont choisi le camp opposé le lendemain. Enfin pas tout à fait quand même. Car l’Azuréen a évité aux joueurs français le zéro pointé dans le PGT en empochant le last chance aux dépends de l’Italien Giorgio Castellano. Avec sa finale à suivre dans le Master, il avait déjà assuré l’essentiel.


Bob le malheureux

On avait vu les Anglais. On avait enterré les Français, les Danois et les Allemands. On avait un peu oublié les Italiens dans cette affaire. Avec Melzi vainqueur, Castellano finaliste du last chance et Migliore demi-finaliste de la consolation, ils s’adjugent un trophée dans chaque tableau. Leur présence en équipe soudée et chaleureuse sur tous les tournois leur vaut d’ailleurs de dérocher, conjointement avec les Grecs, le prix du fair-play. La Grèce apparaît également au palmarès grâce à Filomila Karantzali qui a atteint les quarts de finale et se voit décerner le Ladies Price. Le Danemark doit à Lars Trabolt de ne pas repartir bredouille. Il est le deuxième demi-finaliste de la consolation. Quant à l’Allemagne, elle est sauvée par Oliver Schneider qui s’adjuge la consolation. Et qui a-t-il miraculeusement battu en finale ? Le pauvre Bob Wachtel qui n’avait pas assez souffert la veille. Je crois qu’avec ma nouvelle série de défaites au premier tour (oui, j’ai aussi perdu au premier tour du last chance…), je ne suis pas le plus à plaindre. Après son incroyable élimination la veille en demi-finale du Master par Didier Assaraf, Bob allait se venger. Il mène 12-5 dans un match en 13. Il a quasiment gagné. Schneider a besoin d’un double cinq pour sauver le point. Double cinq, vous l’aviez deviné. Et comme de bien entendu, il déroule jusqu’à treize. Vite Bob, il faut oublier Paris.


Un premier trophée

On jouait aussi dans les divisions inférieures. J’aime bien saluer ces joueurs qui viennent disputer le tournoi débutant. Il s’agit souvent de leur première participation à une épreuve d’envergure. Ils viennent avec leur fraîcheur, leur envie et leurs erreurs bien naturelles. Et lorsqu’arrive la remise des prix, ils sont tout sourire lorsqu’ils décrochent le premier trophée de leur carrière. Un premier trophée, c’es toujours quelque chose. Pour moi, c’était en finale de la consolation du Championnat de France, chez les « grands » en plus. Mon hurlement à l’ultime point de la demi-finale, qui m’assurait la coupe, a un peu surpris mon adversaire. Je lui ai expliqué ensuite qu’il s’agissait d’une première. Il a compris. Alexandre Cros s’est imposé chez les débutants et il a du rentrer très fier chez lui. Pour Martin Kahn c’est différent. Vainqueur de la division intermédiaire, il est de ces joueurs qui aiment à critiquer votre jeu et à vous donner des conseils. N’a-t-il pas compris que le backgammon est un jeu d’absolue humilité. Félicitations tout de même pour sa victoire mais pourquoi donc ce génie ne dispute-t-il pas la grande épreuve du PGT ?


Falafel est partout

Que s’est-il encore passé. Beaucoup de choses en fin de soirée. D’abord, j’ai empoché le tournoi en un point et le second tournoi de blitz. Le roi de la discipline n’est pas mort même s’il vacille très sérieusement par ailleurs. Quant au double consultation, il n’aura pas eu de dénouement. Le fautif s’appelle Falafel Natanzon. On peut être numéro un mondial et empêcheur de finir tranquillement un tournoi. Avec Falafel c’est tout ou rien. Ou il n’est nulle part ou il est partout. A 23 heures, remise des prix achevée, cocktail avalé, il se qualifie pour la finale en compagnie de l’Allemand Jan Jacobowitz. Seulement voilà, il lui reste aussi à disputer la finale du Master contre Didier Assaraf au meilleur des trois sets de onze points. Autant dire que si on joue tout, on finira au petit déjeuner. Alors on palabre. Et on tranche. Le double sera partagé avec Ed O’Laughlin et Uli Koch, les autres finalistes. Quant à la finale du Master, elle se disputera finalement en un seul set de onze points.


Et encore un miracle !

Spectacle décoiffant une fois encore dans le Master qui nous aura offert nos plus belles émotions du week-end. On avait pourtant failli se coucher finalement très tôt. Après cinq parties seulement, Didier avait gagné. 1-0, 2-0, 3-0, puis 7-0. Balle de 11-0. Falafel est sur la barre. Plusieurs pions en balade. Cube envoyé. Board fermé. Un en plus sur le point quatre. Un autre sur le point as. Il tire quatre et as. Sortir les deux ? Le mauvais as derrière et il sera en danger. Alors il tourne, nettoie son point six. Seul risque : tirer six et cinq. Il tire six et cinq bien sûr. Encore faut-il que Falafel tire un cinq de la barre. Il tire un cinq bien sûr. Et il déroule. Retour de cube à quatre. Passe. 7-4 alors que le match pourrait être plié. Pause. Dans la suivante, même scénario mais inverse. Didier sur la barre contre board fermé. Cube envoyé. Et un quatre qui s’ouvre. Il tire un cinq. Moins de chance. Gammon. 7-6. Le destin semble avoir cette fois choisi d’abandonner Didier. Une partie tendue. 7-7.


Falafel ne lâche plus rien

Le cube envoyé par Falafel dans la suivante et le gammon presque assuré pour lui. Trois pions coincés à l’as pour Didier plus trois autres sur la barre. Mais Falafel n’arrive pas à fermer son point quatre malgré quatre possibilités. Didier y rentre un pion. Falafel l’attaque à découvert. Et n’arrive pas à protéger son pion. Didier tire double as. Il a alors six pions sur le point as de Falafel et un board solidifié. Il a une possibilité de frapper le pion isolé de son adversaire alors que Falafel en a déjà sorti cinq. Il hésite très longtemps à renvoyer le videau. Il se dit que s’il perd la partie, ce sera certainement gammon et match envolé. Sa réflexion dure. Il ne renvoie pas. Falafel sauve le pion. Il est encore en danger mais tire un quatre et trois parfait qui cache tout. C’est quasiment fini. S’il trouve encore un shoot, Didier pourra peut-être ne perdre que simple. Voilà pourquoi il n’a pas renvoyé. Il a une nouvelle chance. Raté. Une dernière. Encore raté. C’est fini.


Merci Didier

Après le sauvetage miracle de Falafel, Didier n’aura plus marqué le moindre point. Falafel lui a fait subir ce que lui-même a infligé la veille à Bob Wachtel. Ainsi va le backgammon. Je n’ai eu qu’à moitié tort, ou à moitié raison, de miser sur Falafel. Le PGT lui a échappé mais il inscrit son nom au palmarès du Master de Paris. Et il partage le double. Belle semaine quand même. Ca fait du bien, de temps en temps, de voir le meilleur s’imposer. Il le mérite sacrément. Mercredi soir, il m’avait dit qu’il aimerait bien gagner, de temps en temps, un gros événement comme celui-là. Malgré son extraordinaire niveau, ce n’est pas si fréquent. Même si la chance s’est pointée au bon moment, il a su la saisir comme personne. Et un Falafel lancé ne s’arrête plus. Un grand merci à Didier qui, avec cette finale et sa victoire dans le last chance apporte deux trophées à une délégation française en perdition. Falafel et lui resteront les grands animateurs de cette semaine. Il me reste à vous donner rendez-vous dans un peu plus d’un mois sous le soleil de Juan-les-Pins. Certains se sont déjà qualifiés ici-même, sur le site PartoucheGammon.com. A vous de tenter votre chance pour nous rejoindre. Allez, à bientôt…

Franck STEPLER

samedi 26 avril 2008

BIENVENUE A LA BOUCHERIE


Un cimetière pour Français ce tournoi. Pour les trophées, il faudra attendre le last chance. Peut-être… L’an dernier, finale 100% française dans l’ultime épreuve. Je m’étais incliné devant Thierry Manouck (je vous l’ai déjà dit douze fois non ?). Si ça pouvait encore sourire cette année, ça ferait du bien. Parce que là, c’est gueule de bois pour tout le monde. Allez, une fois n’est pas coutume, je commence par moi. Deux fois neuf zéro dans la tronche en consolation (après un habile rachat) et j’en redemande. Pas assez mal Francky. Qu’à cela ne tienne, on tente la passe de trois. Bingo ! Les Italiens en face au premier tour du double consultation que je dispute avec Philippe Vouhé. Ils tirent ce qu’ils veulent. On rate tout ce qu’il est possible de rater. Je vous le donne en mille : neuf zéro. Circulez, y’a vraiment rien à voir. Dans ces moments-là, je me marre plus qu’autre chose. Il vaut mieux. Et je pense à ces joueurs de tennis, professionnels eux, qui enchaînent parfois les tournois sans la moindre victoire. Ils sont bien plus malheureux que moi. C’est toute leur vie. Et leur gagne-pain. Alors mes petits bobos à côté, on s’en bat l’œil et on a bien raison.

Les Anglais commencent mal

Je pense aussi à mes camarades français. Olivier Croisille et Frédéric Andrieu se sont arrêtés en quart de finale de la consolation. Juste avant de toucher un tout petit bout du graal. Pas mieux dans le double consultation. Une seule équipe au deuxième tour. Zéro au suivant. Ce ne sera pas là non plus qu’on entonnera en chœur la Marseillaise. Mais l’essentiel est ailleurs. Les demi-finales du tournoi individuel sont parties. Le troisième set de la dernière demi-finale du Master entre Bob Wachtel et Didier Assaraf aussi. Côté PGT, ça ressemble encore à une boucherie jusqu’à la mi-course. Et les victimes sont les Anglais. 12-2 pour l’Italien Carlo Melzi contre Andy Bell. 11-2 pour le danger public de la semaine, le Suisse Rassoul Rasti, contre Chris Ternel. Pause. Et ça remonte des deux côtés. En douceur pour Andy qui revient à 6-12. A grande vitesse pour Chris qui recolle à un point. Mais Rassoul repart à l’assaut. Un point. Peut-être quatre à venir. Un éventuel gammon lui tend les bras. Gros accident. Le cube revient à quatre. Passe évident. 12 partout. On joue en 19. Il reste du chemin.


Opposition de styles

De l’autre côté, 14-6 pour l’Italien mais Andy revient. 14-11 à la pause suivante. Là non plus, rien n’est joué. Tout se bouscule, je ne sais plus où donner de la tête. Un coup d’œil au Master. Didier Assaraf est toujours aussi fébrile sur le board. Stressé par le jeu, par la pendule, par l’environnement. Un comportement qui tranche avec la placidité légendaire de Bob Wachtel. Calme et tranquille en toute circonstance (même si ça s’agite à l’intérieur et que ça sort parfois), même lorsque le sort s’en mêle. Un double six heureux. Une partie quasiment gagnée. L’accident. Deux points qui passent de l’autre côté. Sourire et petite pause. Il reprend deux points derrière. Il mène 5-4 (ici, on joue en onze). Entre Ternel et Rasti aussi les styles s’opposent. Chris analyse tout, réfléchit beaucoup. Rassoul est plus instinctif. Et jusqu’ici, on ne peut pas dire que ça ne lui réussisse pas. Chris se bat malgré des dés qui ne lui sourient pas particulièrement. Quelques jets salvateurs de temps en temps. Rien de plus. Mais sa science du jeu est bien là, elle. Rassoul prend au cube des risques inconsidérés. Il le paie cash. Pour ne pas vouloir abandonner un point, il en perd quatre. 16-12 pour Chris. Et Andy Bell grignote. Les Anglais se refont la cerise. Dans le Master, Bob Wachtel enfonce un peu plus le clou. 8-5. Vous suivez toujours ? J’espère parce que, pour nous, c’est haletant.


Le manque d’audace peut aussi payer

Dans ce duel Wachtel-Assaraf, ça attaque, ça contre. Les dés ont du mal à choisir leur camp. Didier stresse et ça se voit. Bob est tout à son match mais plus sûr de son fait. Bob a le gammon dans la poche. Didier trouve la parade. Bob veut en finir là. Cube très très très très tendu. Didier passe. 9-5. Plus que deux points et nous aurons notre duel de Giants en finale. Et toujours pas de Français sur le podium. Allez Didier, courage ! Je quitte un instant le Master parce que ça se tend chez Ternel-Rasti. 16-14 pour Chris, et Rassoul qui joue les serrures. Aucun risque. Mais à ce jeu, seule l’audace finit par payer. Enfin pas toujours, hélas… Le gammon se profile. Rassoul laisse un shoot décisif. Chris le rate. 16-18. Rassoul va-t-il encore commettre le parfait hold-up ? Un point et il sera en finale. Chez Bell et Melzi, c’est moins enflammé. Des courses tendues. Un score à touche-touche. 16-15. L’Italien est toujours en tête. Il s’en est pourtant fallu d’un cheveu qu’on arrive à un 18-13 presque fatal.


C’est de la folie !

Le délire du jour survient au moment où je rejoins le Master. Malheureusement, je ne peux absolument pas vous raconter la folie qui s’est déroulée sous nos yeux. Bob mène 9-5. Cube à 4 chez lui. Didier n’a plus de board et il a un pion coincé derrière le prime de six de l’Américain. C’est fini. Ah bon ? Bob a shooté à découvert. As de Didier. Bob rentre et frappe encore. As et six pour en ramener deux autres. C’est fini ? Toujours pas. Sur sa route, Didier est encore frappé. Il retourne derrière le prime de cinq. Quel jet ? As et six bien sûr. Mais Bob a deux guetteurs. Double shoot manqué. Cette fois Didier s’en va et gagne la course aisément. 9 partout. Ce n’est plus la boucherie, c’est Lourdes ! Bob boue. Il se retient de broyer son gobelet. Partie suivante. Le cube est parti. C’est la dernière. Heureusement pour Didier. Il lui reste moins de deux minutes à la pendule. Didier domine. Aucun accident. Bob l’attend. Il se met les mains devant les yeux pour ne pas voir le jet peut-être décisif. Un double, en toute simplicité. On ne tremble plus. Cette fois, c’est vraiment fini. Les spectateurs applaudissent. Didier trouve presque normal ce qui vient de se passer. Même pour un joueur aguerri comme Bob, il va falloir s’en remettre de cette défaite-là ! Va donc pour un Falafel-Assaraf en finale. Didier sera le Français du dimanche.


Les Anglais ont tout perdu

Et nos demi-finales du PartoucheGammon Tour, étape parisienne ? On s’y dirige vers la conclusion. Pour Andy Bell, c’est radical. Le cube est à quatre. C’est la dernière. Il est frappé, board fermé. Il n’y aura pas d’accident. Carlo Melzi est en finale. Seul Chris Ternel peut encore sauver la couronne en péril. Rassoul a trois doubles pour la gagne. Raté. 18-17. Cube immédiatement envoyé par Chris dans la suivante. Normal. C’est donc la dernière. Chris pend les devants. Rassoul est derrière son prime. Mais les dés ne viennent toujours pas aider Chris. Il est obligé de laisser une chance à son adversaire. Rassoul, lui, trouve évidemment son six pour s’échapper. Ca reste quand même tendu. Ca commente sec autour du board sur les chances respectives de l’un et de l’autre. La poisse s’acharne sur Chris. On jouera une ultime course qu’il démarre en retard. Attention, double six ! Il revient. Il prend la tête. Double quatre en face ! Les mouches ont changé d’âne. Encore une fois. Il ne se passera plus rien de significatif. Rassoul a coupé une nouvelle tête. Il disputera la finale. Voilà. On va s’arrêter là. Pour tout le reste, le double et les compétitions annexes, on verra demain. Il n’y avait que trois matchs d’importance dans cette journée mais ils m’ont épuisé comme quarante. Je ne sais pas ce qu’il me restera comme énergie pour disputer le last chance. On verra bien. Au lit. Allez, à demain…

Franck STEPLER

LES ANGLAIS METTENT LA MAIN SUR LE TOURNOI


Cette étape parisienne du PartoucheGammon Tour prend des allures de Ligue des Champions : il y aura un Anglais dans chaque demi-finale.

On commence par le come-back du jour. Certains reviennent de l’enfer. Lui n’a eu qu’à revenir de son antichambre. Lui c’est Andy Bell. Mené 12-2, dans un match en 17 par l’Allemand Rainer Witt en quart de finale, il grignote son retard pour s’imposer sur le fil à DMP (double match point). Il n’était alors déjà pas loin de trois heures du matin. On ne cesse de répéter qu’il vaudrait mieux jouer les matchs en un point puisque, de toute façon, ces histoires-là se finissent souvent par une banale course à l’ultime point de la rencontre. On verra tout à l’heure qu’un autre Britannique a fini encore plus tard, lui aussi à DMP.

En demi-finale, Andy Bell rencontrera l’Italien Melzi. En quart de finale, il a disposé de Bob Wachtel. Un Giant au tapis, qui doit encore disputer son troisième set contre Didier Assaraf dans la demi-finale du Master. Un match qui, décidément, n’en finit pas de finir.


Falafel battu par KO

Un autre Giant, le premier d’entre eux, a lui aussi lâché l’affaire en quart de finale. Battu par KO mon favori. Pourtant, à Lyon, mes pronostics avaient porté chance à Minh Nguyen. Il n’en aura pas été de même pour Falafel Natanzon. Le surprenant Suisse Rasti l’a littéralement explosé : 17-4 ! Sans commentaire. Falafel aurait commis une grosse faute de cube aux dires de quelques experts. Même les meilleurs flanchent parfois. Ils sont humains et ça nous fait du bien à nous, les sans-grades. Quant à Rasti, je ne l’ai pas beaucoup vu jouer mais nombreux sont ceux qui écarquillent les yeux lorsqu’ils apprennent qu’il est toujours là, bon pied bon œil. Auparavant, c’est lui qui s’est chargé d’éliminer notre dernière chance française, Olivier Croisille. Je les laisse à 3 partout. Je reviens une partie plus tard : 11-3 pour le Suisse. Le cube a volé dans tous les sens. Olivier le refusera finalement à 16. Au départ de cette histoire, un videau imprudemment accepté par Rasti en retard à la course. Mais l’imprudence peut parfois payer. Olivier ne s’en relèvera pas.


Chris Ternel le noctambule

Un autre Anglais nous a donc fait coucher tard. Décidément, Chris Ternel est noctambule. Contre la grecque Karantzali, il est encore le dernier match du jour. Il est trois heures du matin et la lutte continue. Jouer contre des jeunes femmes jusqu’au bout de la nuit, Chris semble adorer ça. J’ai suggéré qu’on le fasse débuter à 8 heures du matin. J’aurais alors peut-être une chance de vous écrire un peu moins tard. A trois heures donc, 16-14 pour lui. Il rate la gagne pour deux pips. On joue en 17. 3h10, 16 partout. DMP. 3h15, Chris a quasiment gagné. Elle fait double cinq pour rentrer ses deux pions de la barre et préparer son board. Chris lui laisse un shoot. C’est peut-être le retournement. Celui que le backgammon nous réserve si souvent. Elle rate. C’est fini. La nuit lui réussit. Il est en demi-finale. Elle a perdu. Elle sourit. Exemplaire. La quinzaine de joueurs encore présents applaudissent autant la victoire de Chris que sa persévérance et son élégance à elle dans la défaite. Il lui fallait un deux pour la gagne. Il n’est pas venu. Ainsi va le backgammon… Pour lui, c’est le troisième match du tournoi contre une femme et la troisième victoire. Elles devaient être quatre au départ. Seule Pia Jeppesen aura évité de croiser sa route. Mais elle a perdu quand même. Pas très gentleman, Chris !


Vraiment pas notre semaine

L’affiche des demi-finales sera donc Melzi-Bell et Rasti-Ternel. On a souvent vu les Danois mettre la main sur des tournois. On a eu les Allemands ces derniers temps. A Lyon, c’était le tour des Français. Ce sont les Britanniques qui, cette fois-ci, marquent le tournoi. Avec un Anglais dans chaque demi-finale, sa Majesté nous fera peut-être l’honneur de sa visite en cas de confrontation finale. Who knows ?

Dans la consolation, la route est encore longue. On n’y compte pourtant déjà plus que deux Français. Ce n’est vraiment pas notre semaine. Olivier Croisille est encore notre meilleure chance. Frédéric Andrieu est là, lui aussi. Mais avec Falafel, Wachtel et Trabolt, entre autres, dans les parages, ils auront fort à faire pour monter sur le podium dimanche soir.


Un double 9-0, bien frais !

A l’issue des matchs de consolation, on en a encore entendu dire qu’ils allaient arrêter le backgammon avant de devenir définitivement et intégralement fous. Ce sont les mêmes que la veille d’ailleurs. Olivier Lafon est à bout. Il menait 7-0 dans un match en neuf points. A 7-1, il envoie un cube absolument imprenable. Pris. Double six de son adversaire et la suite on la connaît par cœur… Il mène finalement 8-7 avant de prendre un douloureux gammon dans les gencives. A la douche… Et mon double 9-0 alors, on en dit quoi ? Deram me fait subir la première humiliation (alors que j’ai dominé à peu près toutes les parties, mais passons…). Je me rachète. Philip Vischjager, champion du Monde il y a deux ans, passe la deuxième couche. Pas le moindre point marqué en deux matchs officiels dans la journée. Quel cauchemar !


Les seigneurs ne sont plus ce qu’ils étaient

On a donc organisé un blitz, ce tournoi qui se joue sur un rythme très rapide, à l’instinct. Même là, les seigneurs ne sont plus ce qu’ils étaient. Hors tournoi, j’ai rempoté toutes mes confrontations. Dedans j’ai perdu deux fois. Manu Israël, mon meilleur ennemi, éliminé aussi. Mais où est donc passée notre splendeur d’antan. Qu’elle parait déjà loin cette saison dernière où ça voulait sourire. Victoire finale, dans ce premier blitz, de Volker Sonnabend contre Philippe Vouhé. Mon partenaire de double avec qui je ferai équipe ce samedi a un peu plus la main que moi. Une finale, ça fait du bien. Espérons qu’il conserve le poignet ferme…

Franck STEPLER

vendredi 25 avril 2008

LES FRANÇAIS A LA RUE


71 joueurs au départ. Plus de 50 étrangers. Paris les attire. Normal. Et encore, on les attendait plus nombreux. Et les Français ? Ils sont où les Français. Hormis les habitués du PartoucheGammon Tour, peu de Parisiens ont profité de l’occasion pour venir disputer cette épreuve à domicile. Et ceux qui sont là ne brillent pas cette semaine. Une véritable hécatombe. Même les meilleurs sont tombés. Minh Nguyen ne réalisera pas la passe de deux après sa victoire lyonnaise. Les Alain Babillon, Jean-Philippe Rohr, Alexis Vincent et consorts, nos meilleurs représentants, sont tous tombés. Pour l’anecdote, moi aussi. Un bye et un joueur anglais de niveau moyen donnaient pourtant une bonne tournure à cette entame de tournoi. Mais ses dés m’ont usé. Des dés toujours aussi fidèles à Volker Sonnabend. L’Allemand est retors et en plus, il tire sacrément bien. Mené 12-6 au premier tour contre Richard Saint-Pierre, il s’en sort. 13-12. Contre Philippe Vouhé, c’est un combat. Philippe a eu un premier tour très accroché et s’en est finalement sorti contre Uli Koch. Son second Allemand de la journée aura été celui de trop. 14 partout. On joue en 15 points. Ca balance. Ca lui sourit. Volker est sur la barre. Porte des cinq ouverte. Et Volker est toujours Volker : double cinq, on rentre à la maison et on sert la main. Deuxième sueur froide de la journée pour lui mais deuxième victoire contre un joueur français.


Assaraf accroche le petit Giant

Alain Babillon a vécu une sale journée. Eliminé au premier tour contre le modeste iranien Deram, une belle demi-finale l’attendait dans le Master. L’ogre Falafel en face. Victoire en deux sets pour l’Israélien. Plus qu’une sale journée, c’est une sale saison que vit Alain. Pour Falafel en revanche, je sens que ça peut être enfin le bon week-end. Il n’a jamais rien gagné à Paris et ça lui manque. Qualifié donc pour la finale du Master, il a aussi passé ses deux premiers tours dans le PGT. Et si le numéro un mondial montrait à tout le monde de quoi il est capable ! Dans l’ultime confrontation du Master, nous aurons peut-être droit à un duel de Giants. Mais Didier Assaraf s’accroche dans un marathon en trois actes et trois jours. Mercredi, Bob Wachtel a empoché le premier set. Jeudi, le petit Géant était sur le point de plier l’affaire. Didier était moribond. Très tendu comme à son habitude et arrivé au bout du temps que sa pendule lui octroyait, il a trouvé les ressources et les dés adéquats pour s’offrir un troisième set. Ce sera pour ce vendredi.


On souffre mais on continue

Retour au PGT. A l’heure où je commence à vous écrire, il n’y a toujours aucun Français qualifié. Et seules deux chances demeurent : Olivier Croisille, opposé au Belge Vankerkhove, et Scarlett Serrero, qualifiée sur internet, qui a obtenu un bye, puis a éliminé son amie Cécile Wolf, avant de se voir opposer l’Anglais Chris Ternel. Leur duel dure depuis trois heures et la fin n’approche toujours pas. Chris fait la course en tête. Ca y est, on ne sera pas fanny. Olivier Croisille a gagné. Ouf, on a failli être marron. Il faut dire que ça sent un peu l’écœurement général. J’en ai entendu plus d’un dire qu’il arrêtait là sa saison. J’étais de ceux-là il y a quelques heures. Et puis, bien sûr, on va continuer. On l’aime ce jeu, malgré tout. Mais qu’est-ce qu’on souffre. Et la consolation ne pourra pas panser les plaies de tout le monde. J’avoue que je gagnerais bien un match après mon zéro pointé de Lyon. Parce que là, sincèrement, ça commence à faire beaucoup ! Au fait, notre dernière chance française ? Quatre heures de match pour une défaite sur les coups de trois heures du matin. Chris Ternel est passé après 23 parties disputées. Il joue très bien. Il le mérite. Et en plus ces foutus dés avaient choisi leur camp. Que faire alors ? Lui souhaiter bonne chance, comme à Olivier Croisille. On compte sur toi petit. Sur toi et sur personne d’autre. Hélas…


Un billet sur Falafel

La suite sera donc particulièrement internationale : une toute petite pincée de Français, quelques Allemands, un Américain, des Italiens, des Grecs, des Israéliens. Anglais, Suisses et Néerlandais sont là aussi. C’est la patrie danoise qui vacille. Seul Lars Trabolt représentera la meilleure nation mondiale. Il faut dire que les hommes (et femme, puisque Pia Jeppesen est venue et a perdu) du grand nord ne se sont pas déplacés aussi nombreux qu’à l’accoutumée. Il faut que je me mouille ? Allez. Je mets un billet sur Falafel. Je persiste et signe. Dès hier, je le voyais bien. Et pour l’heure, il ne me fait pas mentir. Un doublé PGT/Master ? Pourquoi pas. Même si ceux qui jouent deux finales dans le même événement ont coutume de repartir avec deux défaites. Souvenons-nous quand même de Sander Lylloff l’an dernier et de ses trois trophées. Certains le font. Alors… Alors on va faire un peu dormir les yeux et on essaie de faire quelque chose dans la consolation. Allez, à demain…

Franck STEPLER

jeudi 24 avril 2008

« FALAFEL » : LE NUMBER ONE TIENT LA FORME


Comme prévu, c’est le Master qui a ouvert les hostilités. Hélas, seuls huit joueurs y prennent part. C’est un peu peu, même si le plateau est de qualité. Parmi eux, on compte trois Giants. Qui sont-ils ces Giants ? La crème. Ceux que leurs pairs reconnaissent comme les cadors de la spécialité. Malheureusement, au backgammon, point de classement elo internationalement reconnu comme aux échecs. Point non plus de classement mondial relatif aux performances réalisées sur le circuit. Non, c’est un jury d’experts qui vote pour élire, dans l’ordre, les 32 maîtres de notre discipline. Comme tout vote, il peut prêter à débat. Celui-ci est-il vraiment meilleur que celui-là ? Et pourquoi untel ne figure-t-il pas dans la liste ? Il est vrai qu’à regarder ce classement, on est partagé entre la reconnaissance du talent de nombre de ceux qui y figurent et l’étonnement face à leur manque de performances dans les tournois et à l’absence de quelques-uns qui, eux, sont des habitués des podiums. Bien sûr, il y a cette si importante part de chance mais tout de même, sur la durée, on aimerait voir certains cadors soulever quelques trophées en plus. Prenez « Falafel » Natanzon. L’Israélien est aujourd’hui numéro un au classement des Giants. Il est La Référence. Pourtant, on ne le voit que trop rarement dans la courte liste des grands vainqueurs de grands tournois. Ce sera peut-être pour cette semaine…

Bob Wachtel, un pied en finale

« Falafel » est l’un de ces Giants présents dans le Master. Au premier tour, il s’est débarrassé en deux sets de l’Autrichien Tassilo Rzymann. La dernière partie nous a montré, une fois de plus, que le contenu du gobelet pouvait parfois prendre le dessus sur le contenu du cerveau… La demi-finale à suivre aurait pu nous offrir un duel de Giants. Mais le numéro 22, l’Américain Ed O’Laughlin, est tombé contre Alain Babillon, après avoir pourtant empoché le premier set sans coup férir. Mais comme aime à le répéter « Le Nageur », onze points constituent sa distance de prédilection. Il est d’ailleurs double vainqueur de l’épreuve, titre qu’il a empoché deux années de suite. Il me semble qu’il dispute aujourd’hui son premier grand match contre « Falafel ». Et s’il veut réaliser la passe de trois, il va lui falloir croquer du lourd ! L’autre demi-finale a déjà débuté entre le très bon joueur français Didier Assaraf et le Giant numéro 9 américain, Bob Wachtel. Bob n’a de Giant que le titre car c’est un tout petit bonhomme à la tête rasée et au sourire immuable. Vice-champion du Monde il y a cinq ans, je l’ai rencontré au premier tour à Lyon dans un match très agréable qu’il avait logiquement emporté. Il est un de ces grands joueurs d’une gentillesse et d’une humilité sur le board qui devraient faire réfléchir à leur comportement nombre de piètres compétiteurs. Lui ne se départit jamais de sa bonhommie. Très malmené au premier tour, il a fini par passer. Dans cette demi-finale, il a empoché le premier set avant de partir dormir. Il a mis un premier pied en finale.


A l’école Guil Drai

Pour en finir avec les Giants, sachez que le podium est complété par l’Américain Nack Ballard et notre champion national François Tardieu. Quatrième, le Danois Sander Lylloff, tenant du titre dans le Master, n’est pas venu défendre son titre. Peut-être sera-t-il là aujourd’hui pour disputer la quatrième étape du PartoucheGammon Tour. En tout cas nous étions déjà 44 au départ du warm-up. « Falafel », en grande forme, est en quart de finale. Il lui sera proposé un duel pour le moins déséquilibré. Mais avec ce backgammon… Alexandra, son adversaire, est la femme de Guil Drai. Guil est en quelque sorte le souffre-douleur du backgammon français. Cousin du grand patron du PGT, Eric Guedj, il essuie de nombreux quolibets amicaux, je dois le dire avec sadisme, amplement mérités. Et la pauvre Alexandra apprend le backgammon à ses côtés. Alors, bien sûr, elle multiplie les erreurs grossières. Mais elle passe les tours. Et aura l’honneur et le plaisir d’affronter le meilleur joueur du monde. Avec toutes ses chances de passer ! Prenez Olivier Croisille. Il a beaucoup mangé et un peu bu avant de débuter son warm-up. Il a alors pris le pari qu’il jouerait moins de 3,2 selon la notation du logiciel Snowie (plus on s’approche de zéro mieux on joue, moins de cinq c’est très bien, entre cinq et dix c’est honorable, au-delà c’est beaucoup moins bien). Pari perdu. On a d’abord cru qu’il avait joué 2,6 mais en affinant l’analyse on s’est approché de 4. Son adversaire a moins bien joué. Mais cela lui a suffi pour gagner. Foutu backgammon je vous répète sans cesse ! Alors courage Alexandra. Tu peux le faire.


Une quinzaine de qualifiés en ligne

Les trois autres quarts de finale se sont déjà disputés. Le vainqueur du duel entre la belle et la bête (je parle d’une bête de scène bien entendu) affrontera le Georgien Nodar Gagua. De l’autre côté, Natchkebia affrontera Claude Lepintre. Grâce à lui, il y a déjà un Français en demi. Il faudra finir en début d’après-midi car dès dix-huit heures débutent les choses sérieuses. Et comme le vainqueur du warm-up se voit offrir son inscription dans le tableau du PGT, il faudrait connaître son identité en temps et en heure. Un tableau qui devrait d’ailleurs être bien fourni. Sur les 44 participants au tour de chauffe, une quarantaine sera au départ, auxquels s’ajouteront une quinzaine de joueurs qualifiés en ligne (sur ce site) et les très nombreux qui avaient choisi de ne pas arriver pour cette soirée du warm-up. Et moi dans tout ça ? J’attends tout le monde dans le tournoi en un point. Déjà qualifié pour les quarts de finale, j’attends les premières éliminations dans le PGT pour que le tableau se remplisse. Venez les amis, je vous attends. Et lorsque le tournoi de blitz ouvrira, je serai là, encore, à vous attendre. On brille là où on peut. Allez, à demain…

Franck STEPLER

mardi 22 avril 2008

BACKGAMMON A DOMICILE


Et le backgammon vint à nous. Quand je dis « nous », je veux dire « nous » les Parisiens. Il n’est pas si fréquent de jouer à domicile. Avantage ? Pas si sûr. Au football ou au rugby peut-être. Pour un pro sûrement. Mais pour un simple mortel, c’est tout autre chose. Lorsqu’on s’en va pour quelques jours jouer ailleurs, on ne pense que backgammon. On ne vit que backgammon. On est là pour ça. Rien que pour ça. A Paris, c’est une autre affaire. On dort à la maison. On a la vraie vie qui est là, tout autour. Dans la journée, le boulot est présent, même si on essaie de le mettre un peu de côté. Il y a toujours un petit quelque chose à faire. Et lorsqu’on arrive sur le board, c’est avec tout un tas de petits tracas derrière nous, tout plein de pensées parasites qui nous occupent. Vous qui commencez à me connaître un peu, vous imaginez bien que dans la petite tête, ça turbine sans cesse. Faire le vide, c’est pas trop le genre de la maison. Et pourtant, il faudrait y parvenir pour être tout à son objectif de victoires et de qualification pour la Grande Finale du PartoucheGammon Tour édition 2008. Il faut tendre vers l’objectif pour l’atteindre et certains savent le faire mieux que les autres.


Le « comptable » a pris la tête

Prenez notre comptable officieux sur le PGT, le Portugais Mario Sequeira. Personne ne pense plus que lui, jour et nuit, à cette qualification, à ce classement qu’il tient méticuleusement à jour. Il a trente ans de tournois derrière lui, il est l’un des doyens de la compétition mais il est comme un gosse sur le Tour. Résultat, il enchaîne les bons résultats et, sans même avoir gagné l’une des trois premières épreuves, le voilà en tête du classement. Si on devait se fier à ses petites notes à lui, on aurait légitimement le droit de douter. Mais là, rien à dire, il s’agit bien du classement tout à fait officiel tenu par les organisateurs. Ici, à Paris, Mario sera une nouvelle fois à surveiller. On aura bien sûr un œil sur Minh Nguyen, celui qui bouscule tout sur son passage et vient de s’imposer à Lyon. Sa capacité à s’enfermer dans sa bulle lui permettra de rester parfaitement concentré malgré l’effervescence parisienne.


Aller chercher les points

Une effervescence et une grosse densité à attendre dans le tableau qu’il faut pourtant savoir relativiser. L’an dernier déjà, en début de saison, on se disait qu’il nous faudrait aller chercher les points dans les tournois les moins relevés, dans les tableaux les moins remplis. Et pourtant… Et pourtant, c’est bien à Paris que j’ai décroché les points qui m’ont permis d’atteindre la Grande Finale de Divonne-les-Bains. Les grosses compétitions ont quelque chose d’euphorisant. Et puis la dynamique de la victoire, ça existe, tout comme la dynamique de la défaite d’ailleurs. C’est cette première dynamique qui m’avait permis de voler vers la finale du last chance, ici même, l’an dernier. C’est la deuxième qui m’a offert ce merveilleux grand chelem des défaites au premier tour à Lyon. Bon, quoi qu’il arrive, on sera dynamique à Paris, c’est déjà ça !


Dès mercredi, le Master

Paris présente aussi l’originalité de nous sortir de l’univers des casinos. Par la force des choses, aucun casino Partouche ne peut nous accueillir dans la capitale. Alors c’est un très bel hôtel qui nous ouvre l’un de ses salons : le Lutetia. Au cœur du sixième arrondissement, à deux pas de Saint-Germain-des-Prés, on se prépare à vivre quelques jours de plaisir, quoi qu’il arrive. Oui, quoi qu’il arrive. C’est peut-être ça l’expérience. Est-ce que disputer une cinquième saison (la seconde seulement chez les « grands ») sur le circuit international signifie avoir déjà acquis de l’expérience ? Peut-être. En tout cas, on se met à accepter la défaite. Elle est inhérente à ce jeu. Elle vient parfois vous rendre visite en série. Ainsi va le backgammon. Le tournoi qui se présente est une nouvelle aventure. Qu’elle soit belle. Dès mercredi, avec le Master, elle le sera. Cette épreuve de prestige ouvrira le programme. Disputée au meilleur des trois manches, de onze points chacune, elle est faite pour les costauds. L’an dernier, c’est l’intouchable Sander Lylloff qui s’était imposé. Dans la foulée, le Danois empochait la consolation du PGT puis le double avec son acolyte Morten Holm. S’il est là cette semaine, il aura quelques titres à défendre. Passionnant ! A très vite…

Franck STEPLER

dimanche 6 avril 2008

L’HOMME EN FORME N’A PAS DECU


Ca devient une certitude absolue : je suis meilleur pronostiqueur que joueur. J’avais prédit la victoire de Minh Nguyen. J’avais prédit mon grand chelem des défaites au premier tour. Double prophétie gagnante, qui prouve à la fois que je suis visionnaire mais aussi une bille devant un board. Il faut dire qu’ils s’était passé le mot pour me défoncer à coup de jokers, de doubles et d’humiliations plus infâmes les unes que les autres. Dans le last chance, j’ai retrouvé un Volker Sonnabend plus en forme encore que lorsqu’il m’a sorti de la consolation. 5-0 et au lit. En fin au lit, non. Parce que c’est là que ce jeu devient le plus vicieux de tous. C’est qu’à partir de là, dès que le tournoi a été officiellement terminé pour moi, les dés sont devenus mes meilleurs amis. Un jackpot emporté sans trembler et qui rembourse mes horribles bad beats (bien pires encore qu’au backgammon je crois) subis deux soirs de suite au poker. Puis une série de défis en blitz, tous remportés, y compris cette course démarrée avec d’incomptables dizaines de pips de retard. Une honte ! Mais pourquoi donc est-ce que ça revient si tard ! Mieux vaut tard que jamais, certes, mais là, ça énerve quand même.

Minhou peut voyager

Bon, Stepler on s’en fout, je vous l’accorde. Il y avait nettement plus intéressant aujourd’hui. Une finale franco-française, ça n’arrive pas si souvent. Un seul tournoi a fait exception à cette règle, c’est celui d’Aix-les-Bains qui, en trois éditions, avait tout simplement proposé trois fois six finalistes français. Pour Thierry Manouck, c’était une de plus. Pour Minh Nguyen, la plus belle. Mon favori annoncé ne partait pourtant pas avec la faveur des pronostics, eu égard aux carrières respectives de chacun. Mais tout démarre bien. Une première partie gagnée, une seconde bien lancée pour être perdue gammon, retournée comme toutes les autres depuis trois jours (avec des dés pareils, il peut voyager le Minhou) et finalement empochée pour un 4-0 initial. Le reste dans le même genre. Thierry ne sera jamais en tête. Tout juste un 9 partout en cours de route mais Minh repart de l’avant. Le match est fait pour être plié. Il laisse une frappe. Il est frappé. Il revient pour gagner. Il laisse une nouvelle frappe. Pas de serrage de main. Un cube à la demi-intox de Thierry. Ce n’est pas un cube. Encore moins un passe. Minh passe. On continue. On arrive à double match point. Ca tangue des deux côtés. Mais les dés ont choisi leur homme depuis bien longtemps. Ils ne le lâcheront pas maintenant. Il aurait mérité de gagner à plusieurs reprises, même s’il a fait quelques bêtises, comme ce passe inapproprié. Le dernier double est pour lui. Cette fois, ils peuvent se serrer la main. La salle peut applaudir. Minh poursuit une année formidable : quart de finale à Cannes, demi-finale de consolation dans la foulée et donc victoire ici. En janvier, il devenait Maître International d’échecs. Il se souviendra de 2008. Thierry, lui, poursuit sur sa lancée : souvent placé, rarement gagnant. Comme il le rappelle, il enchaîne les défaites contre les vainqueurs de tournois. Au premier tour, un peu plus tard ou en finale, c’est souvent contre eux qu’il chute. Il n’empêche qu’on n’oubliera pas sa défaite 14-0 contre la tenante du titre, Pia Jeppesen, dès son entrée dans le tournoi, avant qu’il ne se rachète pour se hisser en finale. Chapeau Messieurs !

Le « comptable » portugais empoche la consolation

Dans la consolation, on espérait Frédéric Andrieu pour compléter le palmarès mais il s’est arrêté en demi-finale, battu par le futur vainqueur, le Portugais Mario Sequeira, comptable officiel du PartoucheGammon Tour. Mario vit avec un petit papier à la main sur lequel figurent les noms de tous les joueurs, leur classement et le nombre de points marqués dans l’épreuve en cours (à côté de mon nom, j’ai vu tout plein de zéros !). Les organisateurs n’ont pas intérêt à commettre la moindre erreur de calcul ou un petit coup de fil en provenance de Lisbonne les rappellera à l’ordre. En finale, il a dominé le Japonais Moshizuki, lui-même vainqueur du britannique Jansari en demi. Encore une place d’honneur pour Moshi, considéré par beaucoup comme l’un des joueurs les plus durs à manipuler. Götz Hildsberg semble être, lui aussi, de ceux-là. Un dernier point d’anthologie à frappe et re-frappe incessantes pour faire pencher la balance dans un camp ou l’autre à chaque jet, lui offre le Last Chance contre son compatriote Mohr, qui avait déjà atteint la finale du warm-up, partagée avec son ami Frank Brinkmann. Mohr est un grand type très sympa qui se balade au volant d’un énorme camping-car qui l’a amené d’Allemagne jusqu’ici. Je vous le dis, dans ce monde du backgammon, on voit vraiment de tout…

Les Azuréens l’ont fait

Il allait encore finir le double. Et ce diable de Braconi alors ? Diabolisé par les plus qu’inattendus Azuréens François Coignard et José Rodriguez. Ils nous ont vengés. Merci les gars. On les a enfin eus les Italiens. La finale n’a pas eu le temps de se disputer. A l’heure où je vous écris, la seconde demi-finale se joue encore. Ils ont partagé la gloire et ont regagné la Côte. Ils apprendront tout à l’heure, sur l’autoroute, quels noms les accompagneront sur les tablettes. Vous, vous le saurez dans quelques lignes, dès que j’aurai assisté à la fin du match. Un autre match vient de se terminer. L’OM a battu l’OL 3-1 au Vélodrome. Mon week-end ne se termine pas si mal. Ici, les Lyonnais font grise mine. Qu’est-ce que j’aime ça ! Bon bah je vais retourner au poker. On ne sait jamais que ce dimanche veuille, là aussi, m’être un peu plus agréable. Rendez-vous à Paris les amis. Ca va venir vite. Dans deux semaines et demie on y est. Je ne ruminerai pas trop longtemps ma déconvenue lyonnaise. Et puis à Paris, je reste sur un trophée. Et si l’histoire voulait bien se répéter ? Au fait, les vainqueurs de la deuxième demi-finale sont Moshi et l’Autrichien Tassilo Rzymann, à l’issue d’une nième course au tout dernier point. Encore un bon dimanche pour Moshi. Allez, salut. Et à très vite…

Franck STEPLER

samedi 5 avril 2008

COCORICO DE CHEZ COCORICO


Ils ne sont pas danois, ils ne sont pas allemands, ils ne sont pas non plus américains, japonais, italiens, portugais ou britanniques. Ils sont bien français. Et ils sont finalistes. Eh oui les amis, une finale 100% française. Qu’est-ce que ça fait du bien. Vous savez, le backgammon est un monde charmant. On n’y compte que des amis très chers. Mais lorsqu’un joueur d’une nation forte s’assied en face d’un français, son très cher ami français, c’est souvent avec une espèce de condescendance un peu agaçante. Bien entendu, certains de nos joueurs sont respectés et comptent parmi les meilleurs. François Tardieu (absent ici) n’est pas le seul. Mais il est vrai qu’on ne nous considère pas comme une des nations phares de la discipline. Alors vous me pardonnerez ce léger accès de chauvinisme (auquel je vous ai quand même habitué depuis plus d’un an que vous me lisez, je le confesse) mais c’est une sacrée satisfaction. Le vent avait déjà soufflé dans le bon sens dès les demi-finales. Souvent, les rendez-vous sont manqués et lorsqu’on attend un duel, il arrive rarement (on le verra tout à l’heure dans le double). Mais là, tout le monde a été ponctuel. Minh Nguyen et Miki Suzuki en haut du tableau, Thierry Manouck en bas : trois Français en quart, trois Français en demi. Seul l’Allemand Guendogan a survécu à la déferlante. Et « survivre » est bien le verbe approprié.

Les échecs à l’honneur

Joue-t-il bien ? Joue-t-il mal ? Je vous avouerai franchement que je suis incapable de vous le dire. J’ai assisté à la deuxième moitié de sa demi-finale contre Manouck et je ne l’ai pas vu jouer. Thierry a tiré tout ce qu’il voulait et lui tout ce qu’il ne fallait pas. Il a vécu sur la barre pour trois gammons consécutifs et une addition au gros sel : 17-2 ! Hommage à Thierry qui compte parmi les meilleurs joueurs français. Et ça ne date pas d’hier. En voilà un qui fait partie de ceux qui méritent le respect pour leur inventivité sur le board. Très grand joueur d’échecs, il n’est pas en reste lorsqu’il passe à la version backgammon du duel. Il est, de loin, celui que j’ai le plus de mal à manipuler. Il m’avait d’ailleurs battu l’an dernier en finale du last chance à Paris puis en quart de la Grande Finale à Divonne. Il a toujours bien figuré dans le PartoucheGammon Tour sans jamais s’imposer. C’est peut-être pour ce week-end.
Une finale 100% française est assurée. Elle peut être 100% échecs. Minh Nguyen, mon favori de la semaine, est lui aussi un sacré acteur du noble jeu. Sa demi-finale ne ressemble en rien à la première. Au couteau jusqu’à ce qu’il prenne un peu le large. 14-10. Face à lui, Miki Suzuki ne lâche rien. Elle est revenue d’un début de match qui semblait lui échapper (0-6). Miki est japonaise mais elle est licenciée en France. Elle a été championne de France et pour nous, elle est complètement des nôtres. Et la revoilà à 14 partout après un 6 et 2 magique pour shooter à distance. Partie suivante. Minh gagne une course tendue. 16-14. Un point et c’est la finale. Il n’y a pas de partie. Il blitz. Vite et bien. Il gagne. J’en avais fait mon favori. Je vous l’avais dit hier. Pour l’instant, je ne me suis pas trompé. Mais gare au Manouck !

Une consolation un peu plus internationale

Dans la consolation, Frédéric Andrieu a porté nos couleurs jusqu’en demi-finale où l’attend le Portugais Mario Sequeira. Il est notre dernier représentant. Le revoilà après une période où on l’a moins vu sur les podiums. Sa plus belle prestation à ce jour remontant au championnat du Monde, il y a deux ans, où opposé à un jeune Indien en finale du tournoi intermédiaire, il n’a marqué qu’un seul petit point lorsque son adversaire arrive lui à un point de la victoire. Il remonte tout, gagne, hurle, saute et n’en revient pas. Il a gagné à Monaco, dans une finale absolument folle. L’autre demi-finale mettra aux prises le Japonais Moshizuki et le Britannique Janzari. Elles se dérouleront ce dimanche après-midi. Les quarts de finale se sont finis bien tard et une bonne nuit de repos a été demandée avant d’attaquer la dernière ligne droite.

Un sniper italien dans le double

Venons-en au double et au croqueur de Frenchies. Si en simple tout va bien pour nous, on ne peut pas en dire autant de ce côté-là. La faute à un homme, un jeune homme plein de talent et aux dés ravageurs (et le mot est faible !) : l’Italien Fernando Braconi. Souvenez-vous, il avait été la révélation du tournoi de Cannes, au mois de février, atteignant la finale pour sa première grande sortie internationale. Ici, en simple, rien à signaler. En double, il était inscrit avec Fabrizio Lo Surdo, occupé à poursuivre sa route en individuel et qui l’a laissé se débrouiller seul. Sacrée débrouillardise ! Alain Babillon et moi en avons fait l’amère expérience au premier tour (ce qui me fait donc trois défaites au premier tour au compteur, en attendant le last chance, une grande première pour moi, mais il faut toujours une première fois…). Il nous a littéralement ratatinés. Même punition (pire peut-être ?) pour les sœurs Cécile Wolf et Julie Thabault au deuxième tour. Le(s) voilà en demi-finale. Avec encore du Français à Martyriser. De l’Azuréen pour être précis. Ceux-là, personne ne les attendait à pareille fête. François Coignard est associé à José Rodriguez, l’homme à la cote de mille contre un au dernier championnat du Monde. Ils ont d’abord battu leur copain Alexis Vincent, associé à Olivier Décultot, puis Olivier Croisille et Luca Surmeillan, deux équipes plus fortes sur le papier. Mais le papier, au backgammon… Allez, les gars, s’il-vous-plaît, faites-leur mal aux Italiens ! Dans l’autre demi-tableau, le Hollandais Philip Vischjager et l’Allemand Götz Hildsberg rencontreront le japonais Moshizuki (pour sa deuxième demi du jour) et l’Autrichien, récent vainqueur du Nordis Open, Tassilo Rzymann. Leur finish contre les Italiens a été à l’image de cette journée : haletant. Une dernière partie d’anthologie au cours de laquelle les mouches n’ont cessé de changer d’âne. Elles auraient encore pu troquer leur monture au dernier jet mais elles se sont arrêtées là. A titre personnel, je n’ai pas beaucoup joué mais au moins, j’ai vue de bien belles choses. Et j’en avais tant à vous raconter que je n’ai pas trouvé la place de vous dire trop de bêtises. Ca change. Allez, à demain pour la conclusion…

Franck STEPLER

MINH NGUYEN, L’HOMME EN FORME


Bon, je ne vais pas vous la refaire une fois de plus sur l’air de « quel jeu de con ! », « oh la poisse ! », « marre de ces dés qui ne sont là que pour les autres ! », « mais pourquoi c’est toujours à moi que ça arrive ! », j’en passe et des meilleures. Parce que vous le savez pertinemment que c’est un jeu de con. Parce que ce n’est pas de la poisse, c’est le backgammon. Parce que les dés sont parfois là pour moi aussi. Parce que ça arrive aussi aux autres. Parce que je vous en ai déjà tellement raconté des comme ça que ça ressemblerait à un éternel recommencement. Mais le backgammon est un éternel recommencement. Et pourtant j’étais arrivé là en forme. Je le suis toujours d’ailleurs. Mais il est des défaites plus faciles à avaler que d’autres. Il y a celles où on se sent dominé, techniquement ou juste parce que les dés sont un peu plus favorables à l’adversaire. Ca ne fait pas plaisir mais c’est la vie. On lutte quand même et puis on perd. Tant pis. Au premier tour, contre Bob Wachtel, l’Américain vice-champion du Monde il y a quatre ans, ça s’est passé comme ça et, après tout, c’était assez logique, même si on est là pour la bousculer un peu la logique. Mais au premier tour de la consolation, c’était plutôt le cas numéro deux. Le genre de match où on domine toutes les parties et on finit par les perdre sur des miracles. Je ne vais pas pleurer, pas le genre de la maison, mais si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi l’Allemand Volker Sonnabend ne tire que des miracles, dès que je suis en face (et même parfois contre les autres), ça m’intéresse. En route pour le zéro pointé. A moins d’un last chance héroïque dimanche…

Manouck : le rachat gagnant

Après moi, Bob Wachtel a encore mangé du Français. Match débridé et rapide contre Olivier Croisille. 6 parties en tout et pour tout pour quinze points. 6-2 Wachtel. Cube à 8. 10-6 Croisille. Le cube qu’il a envoyé à 2 lui revient à 4 dans une situation des plus périlleuses. En gros, si c’est perdu, c’est gammon. Devant les écrans, nous sentons le nécessaire passe, histoire de ne pas rendre tout de suite les huit points récemment acquis. Il prend. Il est puni. Gammon. 10-14. Il ne reviendra pas. Bob Wachtel l’achève dès la partie suivante. Et décidément, ce soir, les Américains avaient envie de bouffer du Français, et vite. Alain Babillon, très vite éliminé s’est réinscrit. Une première victoire puis un deuxième tour contre Ed O’Laughlin. Il arrive timidement à 6 partout. Il ne marquera plus un point. 15-6 quelques parties plus tard. Thierry Manouck, lui, aura eu le rachat plus heureux. Premier battu du jour (14-0 par la tenante du titre, la Danoise Pia Jeppesen), il repart au combat pour affronter, en fin de soirée, le Japonais Moshizuki en huitième de finale. Bingo. Il sera le deuxième Français en quart. Miki Suzuki, ex-championne de France, le rejoindra peut-être. Mais comme son adversaire s’appelle Bob Wachtel, on peut craindre le pire. En attendant, le premier d’entre nous avait un peu plus tôt gagné son billet : Minh Nguyen.

Trois Français en quart

Minh sera, j’en prends le pari, la révélation de la saison (j’attends aussi l’Allemand Frank Brinkmann, à qui tout semble réussir, même s’il a échoué aux portes des quarts d’extrême justesse). A Cannes, quart de finale du main puis demi de la consolation. Et le voilà déjà dans les huit derniers ici. Il le mérite. Il s’en donne les moyens. Non seulement il joue bien mais il est tout à son tournoi. Avec lui, pas de casino, pas de nuits folles, à peine des dîners entre amis. Il se repose, il se concentre, il en veut. Et ça marche. Allez, cette fois-ci, ne t’arrête pas à la porte du podium. On est derrière toi. Et derrière les autres d’ailleurs. Car ils seront bien deux autres. Thierry Manouck, qui affrontera Ed O’Laughlin, et Miki Suzuki, qui a finalement empêché Bob Wachtel de poursuivre son découpage en rondelles de Français. Pour elle, l’adversaire s’appellera Barget. Il est britannique. Minh Nguyen sera lui aussi opposé à un Britannique. Il est d’origine Indienne et s’appelle Jansari. Dernier quart de finale : l’Italien Lo Surdo contre l’Allemand Guendogan.

Vischjager tombe à la pendule

L’histoire du jour, pour finir, est celle du match entre Jan Jacobowitz et Philip Vischjager. Un Allemand en forme contre le champion du Monde 2006. A 10-5 pour Jan, match en 13, il reste à peine plus de 2 minutes 30 sur chaque pendule. Jan renvoie à 4. Que faire ? Autour du board, nous sommes tous d’accord : vu la position, le score et la pendule, c’est take et on redouble tout de suite. Si ça passe, c’est 5+8=13=victoire. S’il passe, c’est 5-12 et plus de temps pour recoller au score. Il passe. Il tombe à la pendule. Comme prévu… Il faut le voir secouer son gobelet à la vitesse d’un escargot fatigué alors que la pendule tourne de plus en plus vite. Pas étonnant que ça se soit fini comme ça. J’aurais pu vous narrer les débuts de la consolation mais on y verra plus clair demain. On se retrouvera donc pour suivre tout ça, ainsi que les premiers affrontements en double. Allez, à demain…

Franck STEPLER

jeudi 3 avril 2008

L’ALLEMAGNE DEJA AU POUVOIR

Bon, je commence par la météo. Un peu frais mais soleil. On a plus d’un mois d’avance sur l’an dernier donc quelques degrés de moins. Mais on avait l’après-midi à trainer et la terrasse nous a accueillis avec bonheur. 22h30, début des hostilités. 36 joueurs déjà dans le warm-up. Un tour de chauffe en trois points avec inscription offerte à la clé. Quelques petits tours pour un cadeau à 680 €. Nombreux sont ceux qui sont arrivés en avance à Lyon pour tenter leur chance. Olivier Décultot n’a pas profité de la terrasse car un conseil de classe occupait le prof jusqu’à 18 heures à Rouen. Mais à 22h15, il faisait une entrée flamboyante dans la salle. Lui non plus ne voulait pas rater ça. Enfin, tout ça pour ça… Ed O’Laughlin est passé par là. Dix minutes et au lit le Normand. A demain… Message personnel à tous ses élèves de Math Sup : s’il vous plaît, point de quolibets à son retour de vacances. C’est déjà assez dur comme ça d’être une ancienne gloire alors qu’il est encore si jeune et si vaillant. Bon, comme il me le fait très justement remarquer, il ne s’agit que du warm-up. J’aurai l’air malin s’il soulève le trophée dimanche soir !

Dernière chance française

Beaucoup de Français, forcément, dans l’épreuve. On attendait notamment de voir si la forme de Guil Drai était toujours là. Voilà un mois et demi que, tous les mardis soirs, il écœure les joueurs parisiens en repartant les poches pleines de points et d’euros. Et ici, ça partait bien. Un vice-champion du monde en hors d’œuvre, l’Américain Bob Wachtel, puis le récent vainqueur de Copenhague, l’Autrichien Rzymann. On se disait que ça allait durer. Mais l’Allemand Mohr a eu sa peau. A suivre dans la vraie épreuve. Ca n’allait pas tellement mieux pour les autres Français et c’était à se demander si les étrangers n’allaient pas truster les quatre places de demi-finalistes. Les habituels Danois, Allemands et Japonais sont déjà quelques-uns à être arrivés. Et ils ne voient pas pourquoi la charmante invitation lancée par PartoucheGammon ne serait pas pour eux. Ouf ! Thierry Manouck et François Coignard se rencontrent en quart. Il y aura un homme à nous en demi. Pour Alain Babillon, ça s’arrête en quart, battu par l’Allemand Frank Brinkmann, mon double bourreau de Cannes. Manu Israël, lui aussi, nous représentait dans les huit. De l’autre côté du board : le Portugais Mario Sequeira. Il est l’un des plus anciens sur le circuit. Il est solide. Il a gagné. Nos espoirs ne reposent donc vraiment plus que sur Manouck et Coignard.


Le vainqueur est allemand

Frank Brinkmann en haut. Ingo Mohr en bas. Il y a un Allemand dans chaque demi-finale. Brinkmann s’est lancé contre Sequeira. Pour Mohr, il faut attendre. Entre Manouck et Coignard c’est au couteau. On laisse des frappes, on rate des shoots, le quotidien du backgammon quand on veut qua ça dure. C’est vrai que trois points c’est bien court. Alors si on peut jouer jusqu’au bout, autant en profiter un peu. Eh bien ils en profitent, croyez-moi. Mario Sequeira est déjà parti se coucher. Frank Brinkmann est en finale et eux jouent toujours. Deux partout dans leur quart de finale et il reste encore deux marches à gravir. C’est finalement Thierry Manouck qui passe. A un habile double six de François Coignard, il répond par le parfait double cinq au cœur d’un prime troué qui ne lui laissait que cette seule opportunité de s’échapper. Dès lors, la course ne peut a priori plus être perdue. Elle ne le sera pas. Aura-t-on droit à un duel 100% allemand en finale ou Thierry sauvera-t-il l’honneur de la patrie en danger ? Réponse dans trois points. Finalement, réponse en une partie : cube à deux, gammon allemand et Thierry au lit lui aussi. Les deux potes allemands finiront demain matin. Ils vont aller faire un gros dodo sur cet élégant partage. Merci de ne pas jouer votre finale ce soir. Moi aussi je vais avoir le droit à quelque repos. C’est qu’on joue à quatorze heures demain. Pour un type normal, genre moi hors période de tournoi, c’est très tard. Mais pour un joueur, c’est à peu près le lever du jour. Alors rideau !


OM-OL au dessert

Juste une toute petite question quand même : comment tout cela va-t-il finir ? Par un bon match de foot, comme l’an dernier. Mais si le résultat pouvait être un peu favorable, ça ne me ferait pas de mal. L’année dernière, je jouais face à l’écran pour voir l’OM perdre une nouvelle fois en finale de Coupe de France. Avec le sympathique barman du Lyon Vert, nous avions longuement commenté l’actu foot. Cette année, il est encore là. Et dimanche soir, on ne commentera pas, on luttera. L’OL joue au Vélodrome. Son Lyon en visite chez mon Marseille. OM-OL au dessert ! Il n’y aura d’autre coupe à soulever à 22h45 qu’une coupe de champagne mais c’est déjà ça. A moins que je n’ai soulevé, quelques minutes plus tôt, une coupe bien plus agréable en forme de trophée du PartoucheGammon Tour. Mais la route est longue, comme à chaque fois. Un éternel recommencement que ces tournois. Mais qu’est-ce qu’on aime ça ! Allez, à demain…

Franck STEPLER