samedi 26 avril 2008

BIENVENUE A LA BOUCHERIE


Un cimetière pour Français ce tournoi. Pour les trophées, il faudra attendre le last chance. Peut-être… L’an dernier, finale 100% française dans l’ultime épreuve. Je m’étais incliné devant Thierry Manouck (je vous l’ai déjà dit douze fois non ?). Si ça pouvait encore sourire cette année, ça ferait du bien. Parce que là, c’est gueule de bois pour tout le monde. Allez, une fois n’est pas coutume, je commence par moi. Deux fois neuf zéro dans la tronche en consolation (après un habile rachat) et j’en redemande. Pas assez mal Francky. Qu’à cela ne tienne, on tente la passe de trois. Bingo ! Les Italiens en face au premier tour du double consultation que je dispute avec Philippe Vouhé. Ils tirent ce qu’ils veulent. On rate tout ce qu’il est possible de rater. Je vous le donne en mille : neuf zéro. Circulez, y’a vraiment rien à voir. Dans ces moments-là, je me marre plus qu’autre chose. Il vaut mieux. Et je pense à ces joueurs de tennis, professionnels eux, qui enchaînent parfois les tournois sans la moindre victoire. Ils sont bien plus malheureux que moi. C’est toute leur vie. Et leur gagne-pain. Alors mes petits bobos à côté, on s’en bat l’œil et on a bien raison.

Les Anglais commencent mal

Je pense aussi à mes camarades français. Olivier Croisille et Frédéric Andrieu se sont arrêtés en quart de finale de la consolation. Juste avant de toucher un tout petit bout du graal. Pas mieux dans le double consultation. Une seule équipe au deuxième tour. Zéro au suivant. Ce ne sera pas là non plus qu’on entonnera en chœur la Marseillaise. Mais l’essentiel est ailleurs. Les demi-finales du tournoi individuel sont parties. Le troisième set de la dernière demi-finale du Master entre Bob Wachtel et Didier Assaraf aussi. Côté PGT, ça ressemble encore à une boucherie jusqu’à la mi-course. Et les victimes sont les Anglais. 12-2 pour l’Italien Carlo Melzi contre Andy Bell. 11-2 pour le danger public de la semaine, le Suisse Rassoul Rasti, contre Chris Ternel. Pause. Et ça remonte des deux côtés. En douceur pour Andy qui revient à 6-12. A grande vitesse pour Chris qui recolle à un point. Mais Rassoul repart à l’assaut. Un point. Peut-être quatre à venir. Un éventuel gammon lui tend les bras. Gros accident. Le cube revient à quatre. Passe évident. 12 partout. On joue en 19. Il reste du chemin.


Opposition de styles

De l’autre côté, 14-6 pour l’Italien mais Andy revient. 14-11 à la pause suivante. Là non plus, rien n’est joué. Tout se bouscule, je ne sais plus où donner de la tête. Un coup d’œil au Master. Didier Assaraf est toujours aussi fébrile sur le board. Stressé par le jeu, par la pendule, par l’environnement. Un comportement qui tranche avec la placidité légendaire de Bob Wachtel. Calme et tranquille en toute circonstance (même si ça s’agite à l’intérieur et que ça sort parfois), même lorsque le sort s’en mêle. Un double six heureux. Une partie quasiment gagnée. L’accident. Deux points qui passent de l’autre côté. Sourire et petite pause. Il reprend deux points derrière. Il mène 5-4 (ici, on joue en onze). Entre Ternel et Rasti aussi les styles s’opposent. Chris analyse tout, réfléchit beaucoup. Rassoul est plus instinctif. Et jusqu’ici, on ne peut pas dire que ça ne lui réussisse pas. Chris se bat malgré des dés qui ne lui sourient pas particulièrement. Quelques jets salvateurs de temps en temps. Rien de plus. Mais sa science du jeu est bien là, elle. Rassoul prend au cube des risques inconsidérés. Il le paie cash. Pour ne pas vouloir abandonner un point, il en perd quatre. 16-12 pour Chris. Et Andy Bell grignote. Les Anglais se refont la cerise. Dans le Master, Bob Wachtel enfonce un peu plus le clou. 8-5. Vous suivez toujours ? J’espère parce que, pour nous, c’est haletant.


Le manque d’audace peut aussi payer

Dans ce duel Wachtel-Assaraf, ça attaque, ça contre. Les dés ont du mal à choisir leur camp. Didier stresse et ça se voit. Bob est tout à son match mais plus sûr de son fait. Bob a le gammon dans la poche. Didier trouve la parade. Bob veut en finir là. Cube très très très très tendu. Didier passe. 9-5. Plus que deux points et nous aurons notre duel de Giants en finale. Et toujours pas de Français sur le podium. Allez Didier, courage ! Je quitte un instant le Master parce que ça se tend chez Ternel-Rasti. 16-14 pour Chris, et Rassoul qui joue les serrures. Aucun risque. Mais à ce jeu, seule l’audace finit par payer. Enfin pas toujours, hélas… Le gammon se profile. Rassoul laisse un shoot décisif. Chris le rate. 16-18. Rassoul va-t-il encore commettre le parfait hold-up ? Un point et il sera en finale. Chez Bell et Melzi, c’est moins enflammé. Des courses tendues. Un score à touche-touche. 16-15. L’Italien est toujours en tête. Il s’en est pourtant fallu d’un cheveu qu’on arrive à un 18-13 presque fatal.


C’est de la folie !

Le délire du jour survient au moment où je rejoins le Master. Malheureusement, je ne peux absolument pas vous raconter la folie qui s’est déroulée sous nos yeux. Bob mène 9-5. Cube à 4 chez lui. Didier n’a plus de board et il a un pion coincé derrière le prime de six de l’Américain. C’est fini. Ah bon ? Bob a shooté à découvert. As de Didier. Bob rentre et frappe encore. As et six pour en ramener deux autres. C’est fini ? Toujours pas. Sur sa route, Didier est encore frappé. Il retourne derrière le prime de cinq. Quel jet ? As et six bien sûr. Mais Bob a deux guetteurs. Double shoot manqué. Cette fois Didier s’en va et gagne la course aisément. 9 partout. Ce n’est plus la boucherie, c’est Lourdes ! Bob boue. Il se retient de broyer son gobelet. Partie suivante. Le cube est parti. C’est la dernière. Heureusement pour Didier. Il lui reste moins de deux minutes à la pendule. Didier domine. Aucun accident. Bob l’attend. Il se met les mains devant les yeux pour ne pas voir le jet peut-être décisif. Un double, en toute simplicité. On ne tremble plus. Cette fois, c’est vraiment fini. Les spectateurs applaudissent. Didier trouve presque normal ce qui vient de se passer. Même pour un joueur aguerri comme Bob, il va falloir s’en remettre de cette défaite-là ! Va donc pour un Falafel-Assaraf en finale. Didier sera le Français du dimanche.


Les Anglais ont tout perdu

Et nos demi-finales du PartoucheGammon Tour, étape parisienne ? On s’y dirige vers la conclusion. Pour Andy Bell, c’est radical. Le cube est à quatre. C’est la dernière. Il est frappé, board fermé. Il n’y aura pas d’accident. Carlo Melzi est en finale. Seul Chris Ternel peut encore sauver la couronne en péril. Rassoul a trois doubles pour la gagne. Raté. 18-17. Cube immédiatement envoyé par Chris dans la suivante. Normal. C’est donc la dernière. Chris pend les devants. Rassoul est derrière son prime. Mais les dés ne viennent toujours pas aider Chris. Il est obligé de laisser une chance à son adversaire. Rassoul, lui, trouve évidemment son six pour s’échapper. Ca reste quand même tendu. Ca commente sec autour du board sur les chances respectives de l’un et de l’autre. La poisse s’acharne sur Chris. On jouera une ultime course qu’il démarre en retard. Attention, double six ! Il revient. Il prend la tête. Double quatre en face ! Les mouches ont changé d’âne. Encore une fois. Il ne se passera plus rien de significatif. Rassoul a coupé une nouvelle tête. Il disputera la finale. Voilà. On va s’arrêter là. Pour tout le reste, le double et les compétitions annexes, on verra demain. Il n’y avait que trois matchs d’importance dans cette journée mais ils m’ont épuisé comme quarante. Je ne sais pas ce qu’il me restera comme énergie pour disputer le last chance. On verra bien. Au lit. Allez, à demain…

Franck STEPLER