lundi 28 avril 2008

MELZI LA SURPRISE, FALAFEL POUR UNE FOIS


Soyons francs, la finale de cette étape parisienne du PartoucheGammon Tour ne restera pas dans les mémoires. On a vécu le plus beau la veille. On retiendra le formidable parcours et l’insolente réussite de Rassoul Rasti même s’il n’a pas réussi le hold-up parfait. La belle histoire s’est arrêtée à une marche du bonheur intégral. C’est l’Italien Carlo Melzi qui décroche le titre. Lui aussi était un invité inattendu de la finale. Félicitations à lui. Finalement, les gros bras et les leaders du classement du Tour ont un peu déçu. Et malgré des résultats en demi-teinte, le Portugais Mario Sequeira devrait demeurer en tête du classement au soir de cette quatrième étape, soit à mi-parcours du PGT. Le plus beau était ailleurs, nous le verrons dans un instant. On croyait avoir tout vu au stade des demi-finales en matière de suspense et de retournements de situations, notamment dans le Master. Mais si Didier Assaraf avait les dieux dans son gobelet le samedi, ils ont choisi le camp opposé le lendemain. Enfin pas tout à fait quand même. Car l’Azuréen a évité aux joueurs français le zéro pointé dans le PGT en empochant le last chance aux dépends de l’Italien Giorgio Castellano. Avec sa finale à suivre dans le Master, il avait déjà assuré l’essentiel.


Bob le malheureux

On avait vu les Anglais. On avait enterré les Français, les Danois et les Allemands. On avait un peu oublié les Italiens dans cette affaire. Avec Melzi vainqueur, Castellano finaliste du last chance et Migliore demi-finaliste de la consolation, ils s’adjugent un trophée dans chaque tableau. Leur présence en équipe soudée et chaleureuse sur tous les tournois leur vaut d’ailleurs de dérocher, conjointement avec les Grecs, le prix du fair-play. La Grèce apparaît également au palmarès grâce à Filomila Karantzali qui a atteint les quarts de finale et se voit décerner le Ladies Price. Le Danemark doit à Lars Trabolt de ne pas repartir bredouille. Il est le deuxième demi-finaliste de la consolation. Quant à l’Allemagne, elle est sauvée par Oliver Schneider qui s’adjuge la consolation. Et qui a-t-il miraculeusement battu en finale ? Le pauvre Bob Wachtel qui n’avait pas assez souffert la veille. Je crois qu’avec ma nouvelle série de défaites au premier tour (oui, j’ai aussi perdu au premier tour du last chance…), je ne suis pas le plus à plaindre. Après son incroyable élimination la veille en demi-finale du Master par Didier Assaraf, Bob allait se venger. Il mène 12-5 dans un match en 13. Il a quasiment gagné. Schneider a besoin d’un double cinq pour sauver le point. Double cinq, vous l’aviez deviné. Et comme de bien entendu, il déroule jusqu’à treize. Vite Bob, il faut oublier Paris.


Un premier trophée

On jouait aussi dans les divisions inférieures. J’aime bien saluer ces joueurs qui viennent disputer le tournoi débutant. Il s’agit souvent de leur première participation à une épreuve d’envergure. Ils viennent avec leur fraîcheur, leur envie et leurs erreurs bien naturelles. Et lorsqu’arrive la remise des prix, ils sont tout sourire lorsqu’ils décrochent le premier trophée de leur carrière. Un premier trophée, c’es toujours quelque chose. Pour moi, c’était en finale de la consolation du Championnat de France, chez les « grands » en plus. Mon hurlement à l’ultime point de la demi-finale, qui m’assurait la coupe, a un peu surpris mon adversaire. Je lui ai expliqué ensuite qu’il s’agissait d’une première. Il a compris. Alexandre Cros s’est imposé chez les débutants et il a du rentrer très fier chez lui. Pour Martin Kahn c’est différent. Vainqueur de la division intermédiaire, il est de ces joueurs qui aiment à critiquer votre jeu et à vous donner des conseils. N’a-t-il pas compris que le backgammon est un jeu d’absolue humilité. Félicitations tout de même pour sa victoire mais pourquoi donc ce génie ne dispute-t-il pas la grande épreuve du PGT ?


Falafel est partout

Que s’est-il encore passé. Beaucoup de choses en fin de soirée. D’abord, j’ai empoché le tournoi en un point et le second tournoi de blitz. Le roi de la discipline n’est pas mort même s’il vacille très sérieusement par ailleurs. Quant au double consultation, il n’aura pas eu de dénouement. Le fautif s’appelle Falafel Natanzon. On peut être numéro un mondial et empêcheur de finir tranquillement un tournoi. Avec Falafel c’est tout ou rien. Ou il n’est nulle part ou il est partout. A 23 heures, remise des prix achevée, cocktail avalé, il se qualifie pour la finale en compagnie de l’Allemand Jan Jacobowitz. Seulement voilà, il lui reste aussi à disputer la finale du Master contre Didier Assaraf au meilleur des trois sets de onze points. Autant dire que si on joue tout, on finira au petit déjeuner. Alors on palabre. Et on tranche. Le double sera partagé avec Ed O’Laughlin et Uli Koch, les autres finalistes. Quant à la finale du Master, elle se disputera finalement en un seul set de onze points.


Et encore un miracle !

Spectacle décoiffant une fois encore dans le Master qui nous aura offert nos plus belles émotions du week-end. On avait pourtant failli se coucher finalement très tôt. Après cinq parties seulement, Didier avait gagné. 1-0, 2-0, 3-0, puis 7-0. Balle de 11-0. Falafel est sur la barre. Plusieurs pions en balade. Cube envoyé. Board fermé. Un en plus sur le point quatre. Un autre sur le point as. Il tire quatre et as. Sortir les deux ? Le mauvais as derrière et il sera en danger. Alors il tourne, nettoie son point six. Seul risque : tirer six et cinq. Il tire six et cinq bien sûr. Encore faut-il que Falafel tire un cinq de la barre. Il tire un cinq bien sûr. Et il déroule. Retour de cube à quatre. Passe. 7-4 alors que le match pourrait être plié. Pause. Dans la suivante, même scénario mais inverse. Didier sur la barre contre board fermé. Cube envoyé. Et un quatre qui s’ouvre. Il tire un cinq. Moins de chance. Gammon. 7-6. Le destin semble avoir cette fois choisi d’abandonner Didier. Une partie tendue. 7-7.


Falafel ne lâche plus rien

Le cube envoyé par Falafel dans la suivante et le gammon presque assuré pour lui. Trois pions coincés à l’as pour Didier plus trois autres sur la barre. Mais Falafel n’arrive pas à fermer son point quatre malgré quatre possibilités. Didier y rentre un pion. Falafel l’attaque à découvert. Et n’arrive pas à protéger son pion. Didier tire double as. Il a alors six pions sur le point as de Falafel et un board solidifié. Il a une possibilité de frapper le pion isolé de son adversaire alors que Falafel en a déjà sorti cinq. Il hésite très longtemps à renvoyer le videau. Il se dit que s’il perd la partie, ce sera certainement gammon et match envolé. Sa réflexion dure. Il ne renvoie pas. Falafel sauve le pion. Il est encore en danger mais tire un quatre et trois parfait qui cache tout. C’est quasiment fini. S’il trouve encore un shoot, Didier pourra peut-être ne perdre que simple. Voilà pourquoi il n’a pas renvoyé. Il a une nouvelle chance. Raté. Une dernière. Encore raté. C’est fini.


Merci Didier

Après le sauvetage miracle de Falafel, Didier n’aura plus marqué le moindre point. Falafel lui a fait subir ce que lui-même a infligé la veille à Bob Wachtel. Ainsi va le backgammon. Je n’ai eu qu’à moitié tort, ou à moitié raison, de miser sur Falafel. Le PGT lui a échappé mais il inscrit son nom au palmarès du Master de Paris. Et il partage le double. Belle semaine quand même. Ca fait du bien, de temps en temps, de voir le meilleur s’imposer. Il le mérite sacrément. Mercredi soir, il m’avait dit qu’il aimerait bien gagner, de temps en temps, un gros événement comme celui-là. Malgré son extraordinaire niveau, ce n’est pas si fréquent. Même si la chance s’est pointée au bon moment, il a su la saisir comme personne. Et un Falafel lancé ne s’arrête plus. Un grand merci à Didier qui, avec cette finale et sa victoire dans le last chance apporte deux trophées à une délégation française en perdition. Falafel et lui resteront les grands animateurs de cette semaine. Il me reste à vous donner rendez-vous dans un peu plus d’un mois sous le soleil de Juan-les-Pins. Certains se sont déjà qualifiés ici-même, sur le site PartoucheGammon.com. A vous de tenter votre chance pour nous rejoindre. Allez, à bientôt…

Franck STEPLER