samedi 26 avril 2008

LES ANGLAIS METTENT LA MAIN SUR LE TOURNOI


Cette étape parisienne du PartoucheGammon Tour prend des allures de Ligue des Champions : il y aura un Anglais dans chaque demi-finale.

On commence par le come-back du jour. Certains reviennent de l’enfer. Lui n’a eu qu’à revenir de son antichambre. Lui c’est Andy Bell. Mené 12-2, dans un match en 17 par l’Allemand Rainer Witt en quart de finale, il grignote son retard pour s’imposer sur le fil à DMP (double match point). Il n’était alors déjà pas loin de trois heures du matin. On ne cesse de répéter qu’il vaudrait mieux jouer les matchs en un point puisque, de toute façon, ces histoires-là se finissent souvent par une banale course à l’ultime point de la rencontre. On verra tout à l’heure qu’un autre Britannique a fini encore plus tard, lui aussi à DMP.

En demi-finale, Andy Bell rencontrera l’Italien Melzi. En quart de finale, il a disposé de Bob Wachtel. Un Giant au tapis, qui doit encore disputer son troisième set contre Didier Assaraf dans la demi-finale du Master. Un match qui, décidément, n’en finit pas de finir.


Falafel battu par KO

Un autre Giant, le premier d’entre eux, a lui aussi lâché l’affaire en quart de finale. Battu par KO mon favori. Pourtant, à Lyon, mes pronostics avaient porté chance à Minh Nguyen. Il n’en aura pas été de même pour Falafel Natanzon. Le surprenant Suisse Rasti l’a littéralement explosé : 17-4 ! Sans commentaire. Falafel aurait commis une grosse faute de cube aux dires de quelques experts. Même les meilleurs flanchent parfois. Ils sont humains et ça nous fait du bien à nous, les sans-grades. Quant à Rasti, je ne l’ai pas beaucoup vu jouer mais nombreux sont ceux qui écarquillent les yeux lorsqu’ils apprennent qu’il est toujours là, bon pied bon œil. Auparavant, c’est lui qui s’est chargé d’éliminer notre dernière chance française, Olivier Croisille. Je les laisse à 3 partout. Je reviens une partie plus tard : 11-3 pour le Suisse. Le cube a volé dans tous les sens. Olivier le refusera finalement à 16. Au départ de cette histoire, un videau imprudemment accepté par Rasti en retard à la course. Mais l’imprudence peut parfois payer. Olivier ne s’en relèvera pas.


Chris Ternel le noctambule

Un autre Anglais nous a donc fait coucher tard. Décidément, Chris Ternel est noctambule. Contre la grecque Karantzali, il est encore le dernier match du jour. Il est trois heures du matin et la lutte continue. Jouer contre des jeunes femmes jusqu’au bout de la nuit, Chris semble adorer ça. J’ai suggéré qu’on le fasse débuter à 8 heures du matin. J’aurais alors peut-être une chance de vous écrire un peu moins tard. A trois heures donc, 16-14 pour lui. Il rate la gagne pour deux pips. On joue en 17. 3h10, 16 partout. DMP. 3h15, Chris a quasiment gagné. Elle fait double cinq pour rentrer ses deux pions de la barre et préparer son board. Chris lui laisse un shoot. C’est peut-être le retournement. Celui que le backgammon nous réserve si souvent. Elle rate. C’est fini. La nuit lui réussit. Il est en demi-finale. Elle a perdu. Elle sourit. Exemplaire. La quinzaine de joueurs encore présents applaudissent autant la victoire de Chris que sa persévérance et son élégance à elle dans la défaite. Il lui fallait un deux pour la gagne. Il n’est pas venu. Ainsi va le backgammon… Pour lui, c’est le troisième match du tournoi contre une femme et la troisième victoire. Elles devaient être quatre au départ. Seule Pia Jeppesen aura évité de croiser sa route. Mais elle a perdu quand même. Pas très gentleman, Chris !


Vraiment pas notre semaine

L’affiche des demi-finales sera donc Melzi-Bell et Rasti-Ternel. On a souvent vu les Danois mettre la main sur des tournois. On a eu les Allemands ces derniers temps. A Lyon, c’était le tour des Français. Ce sont les Britanniques qui, cette fois-ci, marquent le tournoi. Avec un Anglais dans chaque demi-finale, sa Majesté nous fera peut-être l’honneur de sa visite en cas de confrontation finale. Who knows ?

Dans la consolation, la route est encore longue. On n’y compte pourtant déjà plus que deux Français. Ce n’est vraiment pas notre semaine. Olivier Croisille est encore notre meilleure chance. Frédéric Andrieu est là, lui aussi. Mais avec Falafel, Wachtel et Trabolt, entre autres, dans les parages, ils auront fort à faire pour monter sur le podium dimanche soir.


Un double 9-0, bien frais !

A l’issue des matchs de consolation, on en a encore entendu dire qu’ils allaient arrêter le backgammon avant de devenir définitivement et intégralement fous. Ce sont les mêmes que la veille d’ailleurs. Olivier Lafon est à bout. Il menait 7-0 dans un match en neuf points. A 7-1, il envoie un cube absolument imprenable. Pris. Double six de son adversaire et la suite on la connaît par cœur… Il mène finalement 8-7 avant de prendre un douloureux gammon dans les gencives. A la douche… Et mon double 9-0 alors, on en dit quoi ? Deram me fait subir la première humiliation (alors que j’ai dominé à peu près toutes les parties, mais passons…). Je me rachète. Philip Vischjager, champion du Monde il y a deux ans, passe la deuxième couche. Pas le moindre point marqué en deux matchs officiels dans la journée. Quel cauchemar !


Les seigneurs ne sont plus ce qu’ils étaient

On a donc organisé un blitz, ce tournoi qui se joue sur un rythme très rapide, à l’instinct. Même là, les seigneurs ne sont plus ce qu’ils étaient. Hors tournoi, j’ai rempoté toutes mes confrontations. Dedans j’ai perdu deux fois. Manu Israël, mon meilleur ennemi, éliminé aussi. Mais où est donc passée notre splendeur d’antan. Qu’elle parait déjà loin cette saison dernière où ça voulait sourire. Victoire finale, dans ce premier blitz, de Volker Sonnabend contre Philippe Vouhé. Mon partenaire de double avec qui je ferai équipe ce samedi a un peu plus la main que moi. Une finale, ça fait du bien. Espérons qu’il conserve le poignet ferme…

Franck STEPLER