Bon, je vous la fais courte sur Monaco parce que je vous ai quittés en vous laissant plein d’espoirs mais que ceux-ci ont finalement été déçus. Le duel Babillon-Guedj que nous attendions en quart de finale n’a pas eu lieu. On a même perdu la trace de nos deux héros en huitième de finale. Il n’y aura finalement eu aucun Français pour aller chercher un trophée dans la division majeure dimanche soir. Quelques accessits tout de même dans les divisions inférieures. Eric Guedj aura donc une fois de plus subi la malédiction monégasque. En quart de finale de consolation, il s’est approché du podium mais l’a laissé filer. Beau tournoi quand même mais il rentre bredouille. Heureusement, le champion est un beau champion. Sans faire injure à ses prédécesseurs, il y avait longtemps que le championnat du Monde ne nous avait offert un aussi méritant vainqueur. Lars Trabolt est un digne représentant de la haute école danoise. On les a d’ailleurs vus nombreux sur la boîte dimanche soir. Celui que le monde du backgammon appelle « Trabi » et qu’Eric Guedj préfère affubler du sobriquet de « Three Blots » (les initiés comprendront) était l’immense favori d’une finale qui l’opposait à Mario Sequeira. Le Portugais réalise une saison de feu, avec trois trophées déjà dans le PartoucheGammon Tour, mais il est tombé contre plus fort que lui. La logique, une fois n’est pas coutume ces derniers temps, a été respectée. Trabi le mérite. Le Danemark aussi.
Mattern-Peretz le retour
On a longé la grande bleue quelques kilomètres et nous voilà donc installés à Cannes pour une semaine. Tradition oblige, la Nations Cup ouvre le grand événement du Palm Beach. Seize nations sont engagées. Les tenants du titre danois bien sûr mais aussi quelques anciens vainqueurs comme les Etats-Unis ou Israël. L’équipe de France est pour le moins inattendue. Pour épauler un Alain Babillon à la forme presque retrouvée, deux revenants qu’on ne voyait plus guère qu’assis à des tables de poker : Arnaud Mattern et Yomi Peretz. Même éloignés de la compétition, on se souvient de leurs exploits en double, à Enghien ou au championnat de France. En simple, ce n’est pas mal non plus avec un titre de champion de France pour Arnaud il y a un peu plus d’un an et de nombreux trophées décrochés par Yomi, le plus impulsif (au bon sens du terme) des joueurs du circuit. Dans notre poule, la B : l’Ukraine pour commencer puis deux pays nordiques (heureusement pas le Danemark !) : la Norvège et la Suède.
Fallafel sort les doubles
Et comme souvent, ça commence mal. Le duo Arnaud-Yomi reconstitué lutte contre des Ukrainiens qui leur retournent partie sur partie. Ils parviennent à huit partout dans un match en neuf mais, là encore, alors qu’ils ont fait l’essentiel du chemin, le point finit en face. 8-9. Il faudra gagner les deux simples. Babillon entre en piste et Peretz continue. Pendant ce temps, dans la poule C, les Israéliens ont battu les Afghans trois victoires à zéro. Fallafel n’est pas numéro un mondial pour rien. Lorsqu’il faut tirer, il est là. Son simple contre Najib Salamzy n’aura duré qu’une partie. Le match se joue en sept points. Cube à huit accepté par le chef de file israélien malgré les cinq et les six qui frappent en face. Il est frappé. Il revit mais voit finalement la mort s’approcher à grands pas. C’est alors que le coup de poignet vaut cher : double six, double cinq, double six. Même les plus grands en ont parfois besoin. Deuxième victoire israélienne puis troisième grâce à Simon Shamash. A demain pour eux. Dans l’autre rencontre de la poule, les Suisses ont retourné une situation périlleuse après la perte du double. Finalement, ils s’imposent dans les deux simples et empochent la victoire face aux Anglais. Ils peuvent, eux aussi, aller dormir avec la satisfaction du devoir accompli.
Ca bouge de partout
Dans la poule A, le Japon qui sort d’un excellent championnat du Monde a marché sur les Georgiens, avec un rapide 3-0 pour sanction. Face aux Grecs, les favoris Danois ont flanché dès le double. Morten Holm a ensuite gagné son simple. Le dernier se termine au couteau. 5 partout. Le cube est envoyé par le joueur grec. C’est la dernière. L’ascendant est danois mais pas définitif. Le parcours reste accidenté jusqu’au bout mais le Danois ne rencontrera aucun obstacle. Et une première étape de franchie. En route pour le doublé ? Pendant ce temps, ça sent le roussi côté français. Alain Babillon est mené 1-3. Pas de drame. Yomi Peretz 1-6. Déjà plus dramatique. Mais l’attaquant est de retour. Il pousse. Jusqu’au bout. 7-6. A Alain de conclure le travail. Le cube est parti à quatre. L’Ukrainien a un double six pour plier le match. Il tire cinq et quatre. Babillon mène 5-3. Ca bouge de partout. J’adore. Dans la poule D, l’Italie vient de perdre son deuxième point contre l’Allemagne. Peu importe le résultat du dernier match Braconi-Jacobowitz, l’Allemagne virera devant. Mais tous les points comptent et Jan veut cette troisième victoire. Il ne l’aura pas. 2-1 « seulement ».
Et la France s’inclina
Il reste deux rencontres à conclure. France-Ukraine et, dans la poule D, Etats-Unis-Russie. Les Américains ont gagné le double. Les simples sont accrochés. Dans la poule B, les Suédois ont gagné 3-0 contre les Norvégiens. Quoi qu'il arrive, la France ne virera pas en tête. Mais reconnaissez qu'on serait quand même mieux à 2-1 qu’à 1-2, Monsieur de la Palisse l’aurait dit bien mieux que moi. 6-4 crawford désormais pour Babillon. Et très vite six partout après une exécution en règle. Tout se jouera donc sur un tout petit dernier point. Comme si souvent. Presque comme toujours. Et tout finit par une course. Comme si souvent. Presque comme toujours. Et la France s’incline. Comme si souvent dans la Nations Cup. Il faudra cravacher derrière. A nous les Nordiques. Il ne reste plus qu’à conclure Etats-Unis-Russie. Là encore, une victoire partout et un dernier simple qui se joue à l’ultime point entre Bob Wachtel et Nodar Gagua. Gagua vainqueur. La Russie avec. La suite au prochain numéro. Allez, à demain…
Franck STEPLER