vendredi 19 septembre 2008

UN WARM-UP FAMILIAL


C’est bien la peine de faire 800 bornes pour se faire saucer comme ça. Un comble quand même. Soleil sur Paris. Trombes d’eau sur Aix-en-Provence. Le PartoucheGammon Tour nous avait habitués à nous éloigner de la grisaille pour aller chercher un peu de réconfort. Là, c’est loupé les amis. Heureusement, le soleil est attendu pour tout le week-end et il nous aidera sûrement à pardonner l’impardonnable.

Une fois ces considérations météorologiques hautement fondamentales pour le sujet qui nous intéresse passées en revue, venons-en au fait : la dernière étape du PGT avant la Grande Finale. C’est la chasse aux derniers points. Pour des mecs dans mon genre, c’est l’énergie du désespoir qui va devoir faire son œuvre. Nous sommes quelques-uns à avoir réalisé une saison en demi-teinte et à nous retrouver à ces places terribles qui vont nous faire osciller tout le week-end entre la qualification et la mort. Je suis resté presque un an dans le peloton des 32 qualifiés mais seule une grosse perf’ ici me permettra d’y demeurer. Il en va de même de tous ceux qui flirtent avec la trentième place.


Ca va pas être simple…

La bonne nouvelle eut été que ceux qui ont besoin de points pour nous passer devant restent à la maison. Mais ils ne sont pas moins malins que nous. Et dès hier soir, le warm-up réunissait 46 joueurs. Toute la colonie allemande est là, quelques Italiens, le Danois Morten Holm a fait le déplacement et quelques autres encore. Même les deux leaders du classement, l’Américain Ed O’Laughlin et le Portugais Mario Sequeira, ont posé leurs valises à Aix. Leur qualification est assurée mais ils viennent se mettre en travers de notre chemin avec une ambition toujours intacte pour ces deux vieux routiers du circuit. Côté français, Thierry Manouck et Minh N’Guyen, deux grands animateurs de la saison qui s’étaient affrontés en finale à Lyon, sont arrivés hier soir, le Toulousain Marc Santo-Roman dans leur sillage, et une brochette d’autres prétendants. Bien sûr, il en manque à l’appel mais peut-être moins que prévu. Et les inscriptions courent jusqu’en début d’après-midi… Un plaisir pour les organisateurs bien sûr. Un peu moins pour les prétendants à la qualification…


15 jours de backgammon au compteur

Nous étions donc 46 à disputer le warm-up. Et jamais cette compétition d’ouverture n’avait autant ressemblé à ce qu’elle doit être : un grand brassage de joueurs, toutes provenances et tous niveaux confondus. Se mêlant aux champions déjà arrivés, une pléiade de débutants de la région s’était donné rendez-vous au Pasino, certains de venir y disputer le tournoi qui leur est réservé. Mais non, il n’aura lieu que ce week-end. Ils se sont donc confrontés aux meilleurs, pas toujours pour leur malheur d’ailleurs. Le tirage avait commencé par ses traditionnels duels fratricides : Manouck et N’Guyen, arrivés ensemble quelques minutes plus tôt, se retrouvaient opposés, comme les deux Cannois Alexis Vincent et Claude Lambert. Quant à moi, le sort m’avait désigné Sébastien, l’un de ces débutants égarés : il ne compte que quinze jours de backgammon au compteur. Et ça se voit… Il se retrouvait sur un board de tournoi, évidemment, pour la première fois. Un peu intimidé, il a joué à son rythme mais j’ai passé un moment agréable et j’espère qu’on le reverra lorsqu’il aura assimilé les bases du jeu.


La belle histoire de la belle Isabelle

Isabelle est une autre régionale de l’étape à l’expérience réduite. Elle est venue en bande, avec son mari et des copains, ceux-là même qui l’ont mise pour la première fois devant un board il y a à peine un an. Sans complexe, elle s’est attaqué à des gros morceaux (sans même le savoir) et les a fait plier. Premier tour : Fernando Braconi. Je viens chambrer mon copain italien qui se fait malmener par cette jolie jeune femme que je ne connais pas et il se fait plier. « Tu sais que tu viens de battre le champion d’Europe en titre », glissai-je avec délice à la belle Isabelle. « Non ! Mais non ! ». Il lui faudra quelques minutes pour réaliser mais ainsi va le backgammon. Elle s’arrêtera d’y penser lorsqu’Olivier Décultot prendra place face à elle. C’est reparti. Deuxième affrontement déséquilibré et deuxième déculottée pour le favori. Je sais, c’est facile, mais c’est quand même « La Déculottée De Décultot ». Il fallait la faire, c’est fait. Pardon maman…


Rzymann finalement

Finalement, force restera à la loi mais Isabelle va tout de même se glisser ainsi jusqu’en demi-finale avant de tomber contre le vieux briscard allemand Uli Koch. Bravo pour ce joli parcours et rendez-vous dimanche sur le podium des débutants. La finale s’est déroulée dans la langue de Goethe entre Uli et le cousin autrichien Tassilo Rzymann qui m’avait sorti en quart quelques minutes plus tôt. Et c’est finalement Rzymann qui gagne son billet pour le PGT.

Quant à nous, je dois avouer très humblement que nous n’avons pas assisté à leur match. Nous sommes allés annexer la poker room. Henrion et Manouck à la première table. Coignard et Drai derrière. Santo-Roman à côté. Vincent et moi au fond. Avec des fortunes diverses, on a attendu la fermeture pour partir au lit. Heureusement pour notre état de forme, ici, on ferme tôt. Allez, à demain…

Franck STEPLER